Sous l’action de la pluie et du ruissellement de celle-ci sur la pente, des particules se détachent du sol et sont transportées par l’eau. Avec une pluviométrie élevée sur un milieu fragile (urbanisation, sécheresse, ..), le ruissellement est d’autant plus fort ce qui peut causer de l’érosion voire des inondations.
Quels sont les facteurs aggravants ?
- la durée des précipitations en hiver et l’intensité des orages de printemps
- la structure du sol, la sécheresse causant son imperméabilité ou sa saturation en eau,
- le relief : la longueur et la pente des parcelles, les zones de convergences,
- des sols limoneux fragiles et des cultures de printemps sensibles (betteraves, pommes de terre),
- l’aménagement du territoire : urbanisation, mauvaise gestion des eaux pluviales du bâti, les voiries et autres surfaces imperméabilisées, la suppression des zones tampons et des obstacles naturels
Le travail du sol dans le sens de la pente accentue fortement le phénomène de ruissellement en traçant des lignes d’écoulement préférentielles pour l’eau. Un travail perpendiculaire à la pente est donc souhaitable, bien que parfois difficile à mettre en œuvre.
Qui est concerné ?
Les acteurs à mobiliser pour lutter contre le ruissellement et l’érosion sont les agriculteurs qui occupe plus de 70 % de l’espace voire davantage dans les communes rurales, les collectivités, les gestionnaires de voirie et les particuliers. L’objectif va consister à amortir la chute de la goutte d’eau et à ralentir les écoulements le plus en amont possible pour favoriser son infiltration ou son stockage temporaire.
Comment lutter ?
En amont, la lutte est préventive.
On peut utiliser l’agronomie pour préserver ou restaurer la perméabilité des sols et favoriser l’infiltration en couvrant le sol de plantes, en réduisant les longueurs de pente, en installant des fourrières en herbe ou en culture d’automne en bas de pente pour réduire l’érosion.
Un peu plus en aval, on utilise ensuite des aménagements légers pour freiner, piéger et accompagner les écoulements avec de l’hydraulique douce :
| Bandes enherbées : elles permettent de ralentir les écoulements, favoriser la sédimentation, diminuer l’érosion des terres en aval, orienter les ruissellements et augmenter l’infiltration |  |
| Fascines (fagots de branchages maintenus au sol entre des pieux de saules vivants) : elles filtrent, ralentissent et servent de barrage lors de ruissellements et coulées, rétention des matières actives par les saules. Elles sont efficaces dès l’implantation. |  |
| Haies : elles ralentissent les écoulements, permettent la rétention des sédiments et meilleure infiltration de l’eau grâce au développement du système racinaire. |  |
Les avantages de l’hydraulique douce sont l’attrait de la faune locale (oiseaux, insectes, mammifères) et une meilleure qualité des sols (teneurs en matière organique et en biomasse microbienne supérieures). Mais un entretien est indispensable pour maintenir le bon fonctionnement des aménagements : taille régulière, recharge en fagots, débroussaillage, curage amont des fascines, calibrage des bandes enherbées.
En 2022, 5 bassins ont été curés par un prestataire afin d’optimiser la rétention des eaux de ruissellement pour environ 32 000 tonnes de terres. Une partie de la terre a été donnée à la Ville de Calais et à la Ville de Sangatte pour leurs espaces verts.
En juillet 2020, on recensait 4200 ouvrages d’hydraulique douce sur le département du Nord et du Pas de Calais.
En aval, la lutte est curative. On utilise donc des aménagements lourds tels que de l’hydraulique structurante : bassins de rétention, digue…
Problématiques
Pour mettre en place tous ces aménagements, ce n’est pas forcément toujours simple :
- Nous n’avons pas de contrôle de la pluie ni du réchauffement climatique. Les pluies sont de plus en plus concentrées sur une période courte. En été, les sols s’assèchent et en hiver, les pluies ne peuvent plus s’infiltrer et ruissellent.
- Les champs sur lesquels il serait judicieux d’installer des fascines ou autres aménagements sont privés. Il faut donc travailler avec les agriculteurs
- Les bassins de retenues qui permettent de stocker l’eau temporairement se remplissent progressivement de boues et de toutes les choses transportées par l’eau. Il faut donc les curer régulièrement et cela a un coût.
- Les coulées de boues provoquer par les ruissellements et l’érosion assèchent les sols et les rendent encore plus imperméables.
Dans notre agglomération, une étude hydraulique complète du territoire est en cours (diagnostique du terrain, modélisation, …). Suite à l’étude et aux propositions qui en écouleront, un programme pourra être mis en place pour lutter contre l’érosion et le ruissellement.
